Date de sortie: 2017
Edition: Delcourt (Tapas) Challenge: FeminiBooks
Pages: 125 Menu: Juin | Lire un livre sur le féminisme intersectionnel
Genre: Bande-dessinée | Essai
Il y a 2 ans, pour la sortie de Libres! j'étais allée à la rencontre de Diglee qui présentait son dernier ouvrage et menait une petite conférence sur le féminisme. Egalement lyonnaise, j'ai eu l'occasion de la recroiser à une séance de dédicaces dans un "cabinet de curiosité" des pentes de la Croix Rousse où une de mes amies animait la soirée en proposant de son côté des tirages de cartes (vous pouvez checker son facebook ici si ça vous intéresse). Bref, lorsque Ninon a proposé pour thème du mois de juin "le féminisme intersectionnel" j'ai tout de suite pensé à Diglee et Ovidie et leur manifeste illustré.
Résumé:
La seule certitude qu'il nous reste en matière de sexe: nous sommes les seules décisionnaires de ce que nous faisons de notre corps et rien ni personne ne devrait jamais nous dicter notre conduite - Ovidie.
Libres!, ce n'est ni totalement un essai, ni totalement une BD, mais bien un mix des deux (ce qui rend le propos d'autant plus agréable à aborder). Au fil des pages, Ovidie (anciennement issue de l'industrie du porno et luttant aujourd'hui pour les droits des femmes en général et les droits à l'insertion sociale pour les ex-pornstar) et Diglee (autrice et dessinatrice du désormais très connu Forever Bitch) vont aborder des thèmes aussi divers que les formes, les poils, les menstruations, le point G, la polygamie ect. … Chaque chapitre se compose d'un texte écrit par Ovidie et d'une planche illustrée par Diglee et touche régulièrement au féminisme intersectionnel : être femme et grosse, être femme et homosexuelle, être femme et musulmane (même si ce thème est vraiment abordé très en superficie). Bref, un ouvrage qui entrait complètement dans le thème du mois de juin pour ce FéminiBooks Challenge.
N.B: cette illustration est bien de Diglee mais n'est pas issue de Libres! Elle illustre cependant parfaitement les divers engagements pris par la dessinatrice en faveur des femmes et du féminisme intersectionnel …
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Ce que j'ai fondamentalement apprécié dans cet essai, c'est qu'il s'agit clairement d'un anti-guide sur la sexualité: on ne te dit pas quoi faire ou ne pas faire, mais que finalement chacun fait bien ce qu'il veut ! Et ça fait du bien de se "libérer des diktats". Sans parler du fait que le format texte + planche illustrée est très agréable et permet de ne pas alourdir le propos mené par les autrices.
Ces propos, justement, sont dans l'ensemble assez intelligents et nous en apprenne un peu plus sur certaines pratiques que l'on pourrait juger de prime abord "dégradantes". Je pense notamment à cette note sur le twerk où Ovidie (qui peinait elle-même à comprendre cette pratique) nous apprend qu'il s'agit à l'origine d'une danse abortive permettant de décrocher les embryons non désirés. Et effectivement quand on y pense… ça fait complètement sens !
Sont également évoquées des situations socialement acceptées car relevant du fantasme essentiellement masculin. Ovidie nous soumet alors l'idée qu'un Kanye West chantant I kissed a boy and I liked it créerait certainement un sacré malaise auprès de ses fans, démontrant ainsi le problème originel… Ce qui est acceptable pour les un.es devrait l'être pour les autres, et inversement proportionnel. Par ailleurs, je tiens à préciser que les hommes ne sont en aucun cas les seuls fautifs de ces situations et ne sont pas non plus émasculés.
Certaines anecdotes truculentes ponctuent également cet ouvrage … Saviez-vous que face au succès de 50 nuances de Grey la recrudescence d'incidents pour le moins gênants a poussé les pompiers londoniens a "publié sur leur site officiel une liste de recommandations pour ceux qui voudraient s'attacher ou enfiler un crocking". Oui oui oui …
Libres ! est un réel manifeste pour la liberté et l'acceptation d'absolument toutes les gemmes sans jugement aucun d'aucun des deux sexes. Car oui, les femmes sont également inquisitrices envers leur propre sexe.
En d'autres termes, nous devrions commencer par ôter la poutre de notre œil, et peut-être serions-nous un jour à même de retirer la paille de l'oeil de notre sœur. A poil ou en burqa, jamais le féminisme ne devrait être un prétexte pour s'en prendre à autre femme. - J'en connais qui devrait en prendre de la graine.
En conclusion je dirai que ce manifeste donne réellement envie d'aller plus loin. J'aimerai un deuxième tome peut-être un peu plus attaché aux problèmes de féminisme et de racisme notamment. La thématique homosexuelle également qui est abordée mais de façon plutôt superficielle. Il est possible de creuser grandement le sujet, tout en gardant la sexualité en fil rouge.