Date de sortie: 2018
Edition: Dargaud Challenge: FeminiBooks
Pages: 200 Menu: Juillet | Lire une BD sur le féminisme
Genre: Bande-dessinée| Historique | Drame
Ok, nous sommes fin août, quasi début septembre, et je vous présente ma lecture de juillet relative au FeminiBooks Challenge … Mais comme je vous le disais dans un article précédent sur le fait de ralentir : chaque chose en son temps ! Le principal étant que je vous parle de mes découvertes :) Que ce soit une semaine après avoir lu le livre en question ou deux mois après, au final qu'importe !
Pour le mois de juillet donc, il était question de se plonger dans une lecture graphique sur le féminisme. J'ai tout de suite pensé à une BD dont Guimause avait parlé il y a quelques temps de cela : Les filles de Salem - Comment nous avons condamné nos enfants, de Thomas Gilbert. Cette plongée épouvantable dans la petite ville puritaine de Salem a eu l'effet d'un bon coup de massue, le thème déjà dur étant porté par des illustrations froide, à la limite du glaçant.
Résumé
1692. Salem, en Nouvelle-Angleterre. Abigail, 17 ans, raconte l'histoire des sorcières de Salem dont elle fut l'une des victimes. Suspectées d'être possédées par le démon, des jeunes filles de ce village puritain dénoncent d'autres membres de la communauté de les avoir ensorcelées. La psychose s'emballe, donnant lieu à des procès en sorcellerie et à de nombreuses exécutions.
Tout le monde connaît la tristement célèbre chasse aux sorcières de Salem (celle-ci et d'autres par ailleurs). Thomas Gilbert nous propose ici de suivre la vie de la jeune Abigail, bridée dans sa soif de liberté par une Nouvelle-Angleterre puritaine, raciste et patriarcale. Comme toutes les adolescentes de son âge, Abigail rêve de liberté mais sa candeur et sa curiosité l'amèneront bientôt à vivre les pires atrocités. Au travers de ses yeux, nous allons vivre la peur, la délation et le procès de plusieurs femmes et jeunes femmes de la ville de Salem, dont la tragique issue est malheureusement bien connue.
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Ce qui m'a avant tout touché dans cet ouvrage, au-delà du thème, c'est le coup de crayon de Thomas Gilbert ! On aime ou pas, et j'aurai même tendance à vous dire que ce genre de dessin n'attire pas forcément mon œil en règle générale, mais j'ai trouvé que le trait correspondait parfaitement au sujet traité ! Froid, taillé à la serpe, sans concession, le dessin sert définitivement le récit, et l'un ne pourrait aller sans l'autre.
Oscillant entre des tons de jaune, vert pâle, bleu froid … Les seules couleurs chaudes se retrouvent lors des moments de gaité et de relative liberté de nos jeunes héroïnes. Un peu comme un instant de nostalgie, les couleurs automnales disséminées par-ci par-là nous réchauffent un temps soit peu le coeur dans cet univers de peur et de haine.
Concernant l'histoire en elle-même, j'ai lu certaines critiques dénonçant l'erreur historique selon laquelle Abigail n'aurait pas été la victime mais la dénonciatrice… qu'importe, il est surtout nécessaire de se rendre compte que tout le monde est ici la victime d'un système archaïque, régit par la peur de l'autre, de ce que l'on ne connaît pas et de ce que l'on ne peut expliquer. Les hommes se sont retournés contre les femmes, les femmes se sont retournées contre les femmes, l'humanité s'est retournée contre l'humanité et des innocentes de tous âges et confessions se sont retrouvées au bout d'une corde pour ça.
Le seul reproche que je pourrais faire à l'auteur est de justement n'avoir traité que l'aspect féminin. Car il faut bien le dire: des hommes se sont également retrouvés pendus et brûlés pour avoir défendu une idéologie autre que ce que le bon "pilgrim" estimait être la voie à suivre. Mais bon … entre les femmes, les amérindiens et les animaux … en pages beaucoup de personnes en prennent déjà pour leur grade !
Au final, peu importe l'exactitude historique et l'esthétique des dessins. Le message est clair, brutal, les images restent gravées et j'ai longtemps pensé (et penserai toujours) à toutes ces personnes dont le seul crime a été de sortir des sentiers balisés par la religion et la société de l'époque… et actuelle !
Je conseille vraiment cette lecture, à un public tout de même averti car la violence de certaines images peut créer un certain malaise.
De plus, la saison du Pumpkin Autumn Challenge démarre ce dimanche …
Alors pourquoi ne pas se faire une bonne BD sur un thème complètement de saison ! Je vous prépare d'ailleurs un article sur le challenge avec mon énoooorme pile à lire…
En espérant vous avoir donné envie de vous plonger dans ce pan de l'histoire que l'on aurait aimé ne jamais connaître. Moi, je ne regrette pas !